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Crachat de lama
2 octobre 2009

Voyage à Huancayo

Un mois de retard, mais c’est pas grave. Le temps s’écoule bizarrement ici, parfois il fait des sauts et parfois il avance au ralenti. Donc ce voyage il y a un mois c’était environ la semaine dernière.

8h de bus pour arriver à 6h du matin à Huancayo, ville andine à 3200m d’altitude. Huancayo n’est pas exactement perchée sur la montagne mais plutôt étalée, écrasée au milieu d’un paysage impressionnant. La ville ne semble pas à sa place, elle ignore complètement les montagnes qui l’entourent. Du peu quand j’en ai vu ce matin là, Huancayo me paraissait sale, lugubre et moche. Rien à voir avec le petit village andin que je m’imaginais. Confirmation les jours suivants : malgré un grand soleil la ville (ou du moins le quartier de notre auberge) reste peu charmante. Ordures partout dans la rue, façades décrépies, pubs décolorées, affiches déchirées. A minuit des gamins jouent au foot avec un sac poubelle, parmi les ordures et les chiens errants. Quelques petits coins sympas néanmoins, comme la place centrale ou le parc de l’identité huancaienne (imitation miniature de parc Guell mais en galets.) où la même chanson traditionnelle andine est diffusée en boucle pendant 3h. Notre groupe de gringos fait l’attraction de tous les gamins du parc, qui se collent à nous et nous demandent notre prénom toutes les 5 min. Bonne surprise : en suivant des bruits de tambour on est tombé sur un défilé folklorique, où des centaines de péruviens en couleurs éclatantes dansaient dans la rue. Et on a flané dans un immeeeense marché sans début ni fin, où l’on vendait des bonnets péruviens et des brosses à dents.

(voir album - Huancayo - ville)

Arrivée à Huancayo, donc, notre comité d’accueil (Nico et Ju, accompagnés d’un chauffeur, un guide, et un van) nous attend. En route pour la selva (jungle)! Encore 4h de routes avec des arrêts plus ou moins utiles avant d’arriver dans la jungle.

et_J_sus_est_apparu

Premier arrêt à Tarna pour voir un miracle, autour duquel a été construite l’Iglesia del señor Muruthay. Eglise moderne au milieu d’un petit pueblo de la sierra. Jesus (il est vraiment partout) y est apparu sur la falaise.  Alfredo (notre guide) était très fier de nous raconter ce milargo made in Perú, digne d’une apparition de la vierge sur une tartine grillée. On s’attendait à un truc vaguement suggestif, une forme de croix un peu élaborée dans la roche de la falaise. En fait pas du tout, Jésus est apparu en entier, sur sa croix, et en couleur. Avec des ombres et tout. Et derrière une vitre protectrice, qui plus est. Jugez-en vous-même (photo ci-contre.) Alfredo parut être offensé devant notre léger scepticisme face à ce miracle en peinture à l’huile.

Plusieurs arrêts chutes d’eau : celles de l’ange, du diable, de la novia (mais asséchée quand ce n’est pas la saison des pluies, dommage !) pour finir à notre objectif principal : la Catarata del Tirol. 30 min de marche dans la jungle (mais sur un sentier, pas de lianes à couper ni de forêts de racines à traverser. On se sentait un peu Indiana Jones quand même) pour arriver sous la douche d’une grande chute d’eau.

Prochaine étape : mauvaise surprise. Notre guide nous propose de nous amener dans la communauté locale des Pampamitchis pour nous faire découvrir la vraie vie dans la selva. Mouais, on aurait du se douter. Les pampamitchis nous ont habillés d’un gros drap marron (leur habit traditionnel), entourés d’une ceinture en grains, avec un bandeau à plume sur la tête. Sans oublier les traits en pigment sur le visage. Et pieds nus (« Ne t’ inquiéte pas, gringa. Si quelqu’un te pique tes pompes chez nous on lui coupe la main. » Rassurant en effet.) Ensuite le chef est arrivé paré comme un coq, avec son tambour. Il s’est mis à taper, accompagné d’une quena. Les femmes et les enfants se sont mis à danser, et l’une d’entre elles a fait la quête. Quand tout le monde a fini par cracher des sous, ils nous ont fait danser avec eux, et prendre des photos avec le chef. Grand moment de gêne. Impression de prostitution culturelle. En même temps c’est leur seul moyen de survivre. Et c’est vrai qu’ils sont tous pieds nus vêtus d’un drap. Sentiment ambigü, donc. Après la danse on a fait le tour des « boutiques d’artisanat local. » On a bien compris qu’on ne partirait pas avoir d’avoir acheté quelque chose. J’ai maintenant un porte clefs en ailes de papillons. Je suis une exterminatrice de lépidoptères.

Dernier arrêt : fabrique de café paumée dans la selva. Café délicieux. D’exportation. Etiquettes en français. J’ai maintenant compris où part le bon café et pourquoi on n’en trouve pas dans les supermarchés.

(Voir album: Huancayo - selva)

Jour suivant, direction sierra, glacier Huayatapallana, 5000m (yeeeeeeah c’est plus haut que le Mont Blanc !) On s’attendait à une petite rando tranquille, 1000m de dénivelé en 6h, ça a l’air facile comme ça. Mais on avait oublié un petit détail : il n’y a pas beaucoup d’oxygène à 4000m d’altitude, et encore moins à 5000. Et passer de la selva à 500m jusqu’à la sierra à 5000m en moins de 24h, ça fait mal. On en a vraiment chié pour monter – on s’arrêtait tous les 100m (au grand désespoir d'Alfredo notre guide qui nous regardait souffrir sans aucune sympathie, pov’ gringos !). Malgré les kilos de coca que j’ai mâchouillés, je sentais bien l’altitude. Conseil d’Alfredo : si t’as mal au bide, bois du cañaso (alcool trèèès artisanal de canne de sucre) et si t’arrives pas à respirer, fume une clope.

Arrivée au premier sommet, une petite offrande à la terre. La terre a eu le droit à :

-          Une feuille de coca entière et parfaite (« quinta ») qui vient avec un souhait.

-          Un peu de cañaso (la moitié sur le sol, l’autre moitié on l’a bu)

-          Des caramels mous (encore emballés)

-          Une cigarette (à moitié fumée)

-          Un trognon de pomme

Apparemment la terre n’a pas apprécié mes offrandes car elle m’en a fait baver au retour (horrible migraine et mal de bide tordant, pour le plaisir de me plaindre un peu). Un groupe de villageois andins au sommet de la montagne (qui nous avait devancé) lui sacrifiaient des animaux noirs, eux. C’est peut-être pour ça qu’ils arrivaient à monter si rapidement, la montagne est carnivore et n’aime pas le caramel mou.

Arrivée tant bien que mal au camp de base, ou j’ai vu mon premier vigogne (petit lama) ! D’accord il était apprivoisé, mais bon, c’est pas mal quand même. Malheureusement elle (c’était une femelle) n’a pas voulu me cracher dessus. Rentrée en ville dans une camionnette qui se prend pour un 4X4 et traverse des ponts en petite planche au dessus de rivières bien profondes.

(Voir album: Huancayo - Sierra)

Quelques trucs en moins sur ma liste de choses à faire ici tout de même (même si le crachat de lama ce n’est pas encore ça) :

-          J’ai mangé du cuy. Ca ressemblait à un petit animal mort dans mon assiette, avec les dents, les griffes au bout des pattes, et une tête toute grillée. J’aime bien la viande mais je préfère quand ça n’a pas l’air d’avoir été vivant il y a très peu de temps. Entre la peau et les os du cuy : du gras. Ma conclusion : bof, le cuy. C’est beaucoup plus sympa vivant comme cochon d’inde.

-          J’ai mangé du cœur (de veau). Ca pour le coup c’est super bon, tendre et goûteux, même si l’idée de bouffer du cœur est légèrement repoussante.

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