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Crachat de lama

28 mai 2010

Marcahuasi

Voila je m’y remet.

 Bon, oublions tout ordre chronologique, voyages en vrac.

Marcahuasi (album à droite), donc, un weekend avant l’été (ou avant l’hiver, ça dépend de quel coté du monde on se place) à l’époque où il faisait encore froid et gris à Lima. Espèce d’amphithéâtre de roche au milieu d’un altiplano (haut plateau), considéré par certains comme un des centres magnétiques les plus importants de la planète, lieu de culte de cultures anciennes, entouré d’histoires fantastiques et invraisemblables, en tout cas un endroit chargé d’une énergie particulière.

 (Eh oui, je me met a devenir mystique ! Dur de rester un monstre de rationalité face aux croyances d’ici, et entourée de brujas (sorcières) et d’apu (dieu montagne.) Maintenant je ne monte plus une montagne sans prévoir mes feuilles de coca et un peu d’alcool pour l’offrande à la pachamama.)

 Une bonne heure de combi pour arriver, dans la banlieue de Lima, au pied des Andes. Suivent 5h de bus sur une route étroite en terre qui longe un précipice bien profond. (Un petit conseil : ne pas pratiquer cette route la nuit ni prendre la place à droite du chauffeur, qui se trouve systématiquement au dessus du vide. Et le vide quand il fait noir et on ne voit pas le fond c’est pas rassurant.) Arrivée au village de San Pedro, à 3000m d’altitude, départ du sentier qui monte à Marcahuasi. Après quelques mètres parcourus avec nos sacs à dos on se rend compte que l’ascension va être dure. (Un autre petit conseil : ne pas faire du camping avec des péruviennes qui amènent leurs crèmes et leur trousse de maquillage et oublient leur sac de couchage et leur tente.) (Et un dernier : ne pas laisser la préparation de la bouffe aux autres, on se retrouve avec une marmite de 10kg pleine de riz (qui bien sur ne rentre dans aucun sac) et une autre à peu près pareille pleine de patates, le tout prévu non pas pour nourrir une tribu pendant une semaine mais 4 personnes pour un soir.)

 Pas de panique, les habitants de San Pedro ont l’habitude des gringos incompétents et mous, et ils proposent des ânes pour porter les sacs. Les moins vaillants font l’ascension à dos de cheval (aller soyons cléments on va mettre ça sur le dos du mal d’altitude) et les plus fous à dos de moto. Pour les autres, sauvés par les ânes. Sauf que hier, c’était la fête de l’eau au village, où l’on célèbre la vie de l’eau à l’eau de vie. Et même les ânes sont en train de cuver les trois jours de fiesta qui ont précédés. Avec beaucoup de peine, on réussi à trouver une petite vielle et son âne pour porter le plus lourd. Grand coup à notre orgueil, il se trouve que la petite vieille monte plus vite que nous.

 Arrivée à l’amphithéâtre de pierres avec le coucher du soleil. Il est vrai qu’on y sent une énergie forte mais j’y sentais surtout le froid et le mal d’altitude. Après avoir enfilé 2 pantalons, 2 paires de chaussettes, 4 pulls, gants, bonnet, écharpe, et s’être enroulée dans mon sac de couchage, viens le moment de faire un feu. Après le sacrifice d’une demi bouteille de rhum et des premières pages d’un livre, le feu refuse toujours de prendre, même suite aux nombreux essais d’un scout et d’un vadrouilleur aguerri. Coup de génie de Lola, on effrite les bûches montées à dos d’ânes à la main pour faire des petites échardes qui prendront plus facilement. Des mains gelées et beaucoup d’échardes dans les doigts plus tard, le feu prend finalement. Sauf qu’il fait déjà beaucoup trop froid, donc ceux qui ne sont pas déjà dans leur tente en train de lutter contre le mal d’altitude grignotent quelques grains de riz et vont dormir, se préparant à une nuit en dessous de 0°.

 Le matin on redécouvre les formations rocheuses étranges qui nous surplombent. Taillées par des civilisations anciennes disent certains, par des extraterrestres disent d’autres, ou tout simplement par les intempéries et l’érosion. Quand on sort de l’amphithéâtre, un champ de pierres sans fin. Bronzette sur les cailloux, et on redescend pour choper le bus retour de 12h. Evénement marquant de la descente : en prenant une photo je m’assoie sur un cactus avec des grooooosses épines. Heureusement que j’ai une bonne couche protectrice fessière.

 Le bus de 12h se fait attendre, chaque demi heure il arrive finalement la demi heure suivante. De 12h à 18h on a donc bien le temps de découvrir le tout petit village de San Pedro de Casta, dans la poussière et le soleil. Femmes en costume traditionnel avec chapeaux hauts, maisons blanchies par le soleil sous un toit en tôle. Très bon lomo saltado dans le seul resto (et tant pis pour le riz et les patates.) Finalement une descente cauchemardesque sur Lima, sur la route de la mort la nuit. Content de pouvoir converser avec des françaises, le chauffeur passe beaucoup trop de temps à ne pas regarder la route. On arrivent en bas contents d’être en vie.

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2 octobre 2009

Voyage à Huancayo

Un mois de retard, mais c’est pas grave. Le temps s’écoule bizarrement ici, parfois il fait des sauts et parfois il avance au ralenti. Donc ce voyage il y a un mois c’était environ la semaine dernière.

8h de bus pour arriver à 6h du matin à Huancayo, ville andine à 3200m d’altitude. Huancayo n’est pas exactement perchée sur la montagne mais plutôt étalée, écrasée au milieu d’un paysage impressionnant. La ville ne semble pas à sa place, elle ignore complètement les montagnes qui l’entourent. Du peu quand j’en ai vu ce matin là, Huancayo me paraissait sale, lugubre et moche. Rien à voir avec le petit village andin que je m’imaginais. Confirmation les jours suivants : malgré un grand soleil la ville (ou du moins le quartier de notre auberge) reste peu charmante. Ordures partout dans la rue, façades décrépies, pubs décolorées, affiches déchirées. A minuit des gamins jouent au foot avec un sac poubelle, parmi les ordures et les chiens errants. Quelques petits coins sympas néanmoins, comme la place centrale ou le parc de l’identité huancaienne (imitation miniature de parc Guell mais en galets.) où la même chanson traditionnelle andine est diffusée en boucle pendant 3h. Notre groupe de gringos fait l’attraction de tous les gamins du parc, qui se collent à nous et nous demandent notre prénom toutes les 5 min. Bonne surprise : en suivant des bruits de tambour on est tombé sur un défilé folklorique, où des centaines de péruviens en couleurs éclatantes dansaient dans la rue. Et on a flané dans un immeeeense marché sans début ni fin, où l’on vendait des bonnets péruviens et des brosses à dents.

(voir album - Huancayo - ville)

Arrivée à Huancayo, donc, notre comité d’accueil (Nico et Ju, accompagnés d’un chauffeur, un guide, et un van) nous attend. En route pour la selva (jungle)! Encore 4h de routes avec des arrêts plus ou moins utiles avant d’arriver dans la jungle.

et_J_sus_est_apparu

Premier arrêt à Tarna pour voir un miracle, autour duquel a été construite l’Iglesia del señor Muruthay. Eglise moderne au milieu d’un petit pueblo de la sierra. Jesus (il est vraiment partout) y est apparu sur la falaise.  Alfredo (notre guide) était très fier de nous raconter ce milargo made in Perú, digne d’une apparition de la vierge sur une tartine grillée. On s’attendait à un truc vaguement suggestif, une forme de croix un peu élaborée dans la roche de la falaise. En fait pas du tout, Jésus est apparu en entier, sur sa croix, et en couleur. Avec des ombres et tout. Et derrière une vitre protectrice, qui plus est. Jugez-en vous-même (photo ci-contre.) Alfredo parut être offensé devant notre léger scepticisme face à ce miracle en peinture à l’huile.

Plusieurs arrêts chutes d’eau : celles de l’ange, du diable, de la novia (mais asséchée quand ce n’est pas la saison des pluies, dommage !) pour finir à notre objectif principal : la Catarata del Tirol. 30 min de marche dans la jungle (mais sur un sentier, pas de lianes à couper ni de forêts de racines à traverser. On se sentait un peu Indiana Jones quand même) pour arriver sous la douche d’une grande chute d’eau.

Prochaine étape : mauvaise surprise. Notre guide nous propose de nous amener dans la communauté locale des Pampamitchis pour nous faire découvrir la vraie vie dans la selva. Mouais, on aurait du se douter. Les pampamitchis nous ont habillés d’un gros drap marron (leur habit traditionnel), entourés d’une ceinture en grains, avec un bandeau à plume sur la tête. Sans oublier les traits en pigment sur le visage. Et pieds nus (« Ne t’ inquiéte pas, gringa. Si quelqu’un te pique tes pompes chez nous on lui coupe la main. » Rassurant en effet.) Ensuite le chef est arrivé paré comme un coq, avec son tambour. Il s’est mis à taper, accompagné d’une quena. Les femmes et les enfants se sont mis à danser, et l’une d’entre elles a fait la quête. Quand tout le monde a fini par cracher des sous, ils nous ont fait danser avec eux, et prendre des photos avec le chef. Grand moment de gêne. Impression de prostitution culturelle. En même temps c’est leur seul moyen de survivre. Et c’est vrai qu’ils sont tous pieds nus vêtus d’un drap. Sentiment ambigü, donc. Après la danse on a fait le tour des « boutiques d’artisanat local. » On a bien compris qu’on ne partirait pas avoir d’avoir acheté quelque chose. J’ai maintenant un porte clefs en ailes de papillons. Je suis une exterminatrice de lépidoptères.

Dernier arrêt : fabrique de café paumée dans la selva. Café délicieux. D’exportation. Etiquettes en français. J’ai maintenant compris où part le bon café et pourquoi on n’en trouve pas dans les supermarchés.

(Voir album: Huancayo - selva)

Jour suivant, direction sierra, glacier Huayatapallana, 5000m (yeeeeeeah c’est plus haut que le Mont Blanc !) On s’attendait à une petite rando tranquille, 1000m de dénivelé en 6h, ça a l’air facile comme ça. Mais on avait oublié un petit détail : il n’y a pas beaucoup d’oxygène à 4000m d’altitude, et encore moins à 5000. Et passer de la selva à 500m jusqu’à la sierra à 5000m en moins de 24h, ça fait mal. On en a vraiment chié pour monter – on s’arrêtait tous les 100m (au grand désespoir d'Alfredo notre guide qui nous regardait souffrir sans aucune sympathie, pov’ gringos !). Malgré les kilos de coca que j’ai mâchouillés, je sentais bien l’altitude. Conseil d’Alfredo : si t’as mal au bide, bois du cañaso (alcool trèèès artisanal de canne de sucre) et si t’arrives pas à respirer, fume une clope.

Arrivée au premier sommet, une petite offrande à la terre. La terre a eu le droit à :

-          Une feuille de coca entière et parfaite (« quinta ») qui vient avec un souhait.

-          Un peu de cañaso (la moitié sur le sol, l’autre moitié on l’a bu)

-          Des caramels mous (encore emballés)

-          Une cigarette (à moitié fumée)

-          Un trognon de pomme

Apparemment la terre n’a pas apprécié mes offrandes car elle m’en a fait baver au retour (horrible migraine et mal de bide tordant, pour le plaisir de me plaindre un peu). Un groupe de villageois andins au sommet de la montagne (qui nous avait devancé) lui sacrifiaient des animaux noirs, eux. C’est peut-être pour ça qu’ils arrivaient à monter si rapidement, la montagne est carnivore et n’aime pas le caramel mou.

Arrivée tant bien que mal au camp de base, ou j’ai vu mon premier vigogne (petit lama) ! D’accord il était apprivoisé, mais bon, c’est pas mal quand même. Malheureusement elle (c’était une femelle) n’a pas voulu me cracher dessus. Rentrée en ville dans une camionnette qui se prend pour un 4X4 et traverse des ponts en petite planche au dessus de rivières bien profondes.

(Voir album: Huancayo - Sierra)

Quelques trucs en moins sur ma liste de choses à faire ici tout de même (même si le crachat de lama ce n’est pas encore ça) :

-          J’ai mangé du cuy. Ca ressemblait à un petit animal mort dans mon assiette, avec les dents, les griffes au bout des pattes, et une tête toute grillée. J’aime bien la viande mais je préfère quand ça n’a pas l’air d’avoir été vivant il y a très peu de temps. Entre la peau et les os du cuy : du gras. Ma conclusion : bof, le cuy. C’est beaucoup plus sympa vivant comme cochon d’inde.

-          J’ai mangé du cœur (de veau). Ca pour le coup c’est super bon, tendre et goûteux, même si l’idée de bouffer du cœur est légèrement repoussante.

10 septembre 2009

Hétéroclites insolites

Toutes ces petites choses que je n’aurais jamais imaginées et qui mettent une bonne dose d’humour dans le dépaysement.

-          les taxis tuning

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Eh oui, « pimp your car » est arrivé ici aussi. Non seulement les taxis (et les combis) ont quasiment tous des messages dévots tatoués sur leur derrière (« Dios es el amor de mi vida » sur la vitre arrière, par exemple) mais en plus ils se rajoutent des ailerons ou ils entourent leur plaque d’immatriculation d’une guirlande fluorescente. Si c’est possible, éviter de monter dans un taxi tuning, il y a de fortes chances que le chauffeur soit un chauffard.

-          le feu rouge humain

Stratégie contre le chômage : Pourquoi planter un feu rouge au milieu d’une intersection alors qu’une personne peut très bien faire le même boulot ?

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Même moi je peux le faire :

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-          le vendeur de chicle travesti

Stratégie commerciale originale du vendeur de chewing-gum.

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-          les chiens-rats

Petits clébards sans poil et pleins de croûtes. On en trouve plein dans le nord, surtout autour des ruines. Normal, c’étaient les amis des Incas. A un moment ils étaient en voie d’extinction (comme c’est dommage) mais suite à de gros efforts de la population locale pour ne pas les confondre avec de gros rats et les tuer à coups de balai, ils sont revenus en force pour frotter leur peau râpeuse contre les jambes des touristes ravis.

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         -          Jésus est partout

En plus de grosses croix un peu partout, on retrouve Jésus caché dans des endroits plutôt improbables. Devant notre maison, par exemple, un petit parc au centre duquel l’enfant Jésus, entouré de guirlandes de Noël, clignote toute la nuit.

On le retrouve même sous nos pieds, au milieu de la route :

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Finalement, de goût plus douteux, j’ai trouvé dans un combi un Jésus accroché au rétroviseur qui s’allume dès que le bus freine. Message peu rassurant du chauffeur de combi à mon avis :  "priez Jésus, je redémarre !"

-          les costumes camouflages des vigiles

Les gardes citadins aiment passer inaperçus dans la jungle urbaine. La preuve : leur uniforme se fond parfaitement dans le décor.

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-          les biches sur le campus

Une photo de mon campus : trouver l’erreur…

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Oui il y a des biches qui broutent le gazon bien vert de la Cato (PUCP soit Pontifical Universidad Catolica de Lima, dit la Cato: ma fac). J’en ai compté au moins 4, mais il y en a sûrement plus, mâchouillant les énormes fleurs oranges qui tombent en pluie des arbres à girafe (j’ai pas trouvé leur vrai nom. Ces arbres sont hauts avec un tronc long et fin et une touffe de feuilles tout en haut (comme les arbres dont se nourrissent les girafes) pleine de grosses clochettes oranges). La rumeur dit qu’un alpaga se baladerait aussi caché parmi les élèves de la Cato… reste à prouver, je ne l’ai pas encore vu. Il y a aussi un arbre dont le feuillage vert pétant est en fait une horde de perroquets qui couvrent la voix des profs faisant cours à proximité avec leur joyeux tintamarre.

-          le briquet- lampe de poche- projecteur d’image érotique

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Ca il parait que ça existe dans le monde entier mais c’est la première fois que j’en vois- j’ai été très impressionnée. J’ai réalisé un jour que mon briquet faisait aussi lampe de poche, et en l’utilisant dans le noir je me suis rendu compte que ce n’était pas que de la lumière qu’il projetait mais aussi une image : une fille à poil. Gloire à l’inventeur de cet objet magique.

9 septembre 2009

Huacachina

Week-end détente après une semaine de cours intensifs bien crevante. Direction l’oasis de Huacachina, à coté d’Ica à 4h de bus au sud de Lima, largement assez pour sortir de la brume citadine et s’offrir une tranche d’été au milieu de l’hiver. Au programme : buggy dans les dunes (sensation de montagnes russes, mais en vrai), sandboard (plus marrant sur le ventre), barbeuc, fiesta, et bronzade autour de la piscine. L’oasis est trop polluée pour pouvoir espérer même y tremper un orteil sans qu’il n’en sorte vert, radioactif et avec des dents. Rien de culturel, donc, juste de beaux paysages:

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des bons potes:

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et beaucoup de sable et de soleil.

Album sur la droite.

18 août 2009

Voyage à Trujillo

10h de bus pour arriver tôt le matin dans la ville de Trujillo, au nord du Pérou, en espérant y trouver un peu plus de soleil et de chaleur qu’à Lima. Au programme : plage, ruines, Andes.

Petite IMG_1047__R_solution_de_l__cran_surprise le premier soir à Trujillo : concert gratuit sur la Plaza de Armas pour fêter, (attention…)  l’inauguration de la restauration de la statue de la place. Voici une photo de la statue, pour bien apprécier l’ampleur de cet événement (« la plus grande fête qui ait jamais eu lieu sur cette place, » selon le talentueux orateur.)

Après un discours émouvant sur l’importance de ne pas piétiner le nouveau gazon et le rayonnement de la statue (désormais propre), l’orateur laissa place à Victor Manuelle et son groupe de pop andine, des « musiciens professionnels de la musique. » (Victor Manuelle, pas le chanteur connu de salsa mais le chanteur de pop andine.) Qu’est-ce que la pop andine? Plus particulièrement qu’est-ce que la pop andine version Victor Manuelle ? Difficile  à retranscrire par écrit l’expérience de ce concert. La musique andine en soi c’est plutôt sympa, avec flûte de pan et charengo à gogo, sur des airs traditionnels. A écouter néanmoins avec modération. Rajoutons donc à la flûte de pan plein de guitares mièvres, et un chanteur (c’est un grand mot) qui parle d’amour sur des airs de Céline Dion. Voila la pop andine.

Heureusement qu’on était là pour mettre un peu d’ambiance. la preuve:

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Après-midi passé sur la plage de Huanchaco, à faire trempette du bout de l'orteil dans le Pacifique, regarder passer les surfeurs, prendre des photos des caballos de totorro (littéralement "chevaux de paille," petits canoes en paille sur lesquels on monte à califourchon, d'où leur nom) et manger des king-kongs, spécialités de Trujillo (pourquoi ce nom pour des patisseries?)

Jour suivant direction ruines. (photos dans album Ruines de Trujillo) On commence par Huaca del Sol et Huaca de la Luna, 2 espèces de pyramides de la civilisation Moche (« Motché. ») Entre les huacas, ruines de la ville, divisée en deux parties : une réservée à l’élite, l’autre au bas peuple. Les temples ont des formes pyramidales à étages parce que chaque centaine d’année, à la place de rénover l’ancien temple, on en construisait un nouveau au dessus en remplissant celui d’en dessous de pierres. Puis bam !, quelques problèmes de bouffe à cause de phénomènes climatiques et de El Nino, agitation sociale, révolution, et la culture Moche laisse place à la civilisation Chimu. Les Chimus se sont ensuite fait coloniser par les Incas, avant que ces derniers se fassent latter pas les espagnols, pour résumer l’histoire préhispanique du Pérou en trois lignes.

Pour voir du Chimu, visite du temple de Chan Chan, lieu sacré par excellence, dans un paysage gris à crevasses et bosses. Ce que l’on croit être des petites collines de sable, c’est en fait des ruines encore enterrées. Il reste beaucoup de travail ici pour les archéologues. A Lima c’est pareil, au milieu de la ville on aperçoit parfois des ruines en cours de déblaiement.

On est enfin sorti de la ville et de la pollution en allant aux dunes de Conache. (photos dans l'album du même nom) Grandes dunes de sable au pied des Andes, entourées de champs touts verts. Paysage un peu irréel. Pour y aller le taxi a pris des routes en sable pleines de gros cailloux à fond la caisse, se souciant peu des craquements qu’on entendait dès qu’une pierre raclait le dessous de la voiture. Je comprends mal comment certains taxis roulent encore. Bien souvent ils ont l’air rafistolés au fil de fer et au gros scotch. Mais ne craignez rien, on fait très attention : lors d’une descente particulièrement périlleuse (le taxi roulait sur une route très raide en sable) on a insisté pour descendre à pied et on est remonté dans la voiture en bas. Journée dans les dunes, donc, passée à les escalader et jouer dans le sable.

C’est la première fois depuis mon arrivée que je n’entendais pas le bruit des voitures, klaxons et autres cris. Ca a fait du bien.

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11 août 2009

Je ne vais pas mourir de faim

Sujet qui me tient à coeur: la bouffe.

Le Pérou est paraît-il le roi de la gastronomie sur ce continent. C'est vrai qu'on mange bien mais surtout beaucoup et très riche. On trouve des "chifas" un peu partout, petits restos où se mélangent les cuisines péruvienne et chinoise (et grande influence également de la nourriture créole). Bref, un grand mélange de saveurs dans des plats bien copieux, mais parfois un petit manque de variété. Depuis 10 jours je mange du poulet et du riz sous toutes leurs formes. Poulet à la braise, en filet, en petits morceaux, sauté, aji de gallina (poule dans une sauce jaune à base de piment), entier, etc... La variété réside dans la présence ou non de papas (patates) et dans la dose de piments cachés sous les oignons.

Alternative alléchante au poulet/ riz, le ceviche ("cébitché"). Morceaux de poissons cuits par du citron, servis avec oignons et piments (et parfois algues), fèves et légume indéfini:

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Les menus sont souvent autour de 4 soles (1 €) donc manger au resto revient moins cher que de se faire la bouffe soi-même. En plus, difficile de trouver les mêmes produits qu'en France et donc de faire les plats que je connais. J'ai renoncé aux pâtes carbo quand j'ai vu qu'il n'y avait pas de lardons ici, renoncé aux pâtes tout court quand j'ai réalisé l'absence de fromage (si en fait il y a du fromage mais frais et sans goût). Bref le plus simple à faire chez soi et ce que l'on trouve dans tous les marchés c'est du poulet au riz. Donc autant aller au chifa.

Je ne vais pas mourir de soif non plus. L'alcool national c'est le pisco, à base de raisin. Battu avec du blanc d'oeuf et mélangé avec du citron vert, du sirop de sucre de canne et de la glace pilée ça donne du pisco sour et c'est trèèèèès bon. La bière se laisse boire aussi, surtout la Cusquenia, de Cusco ("préparée avec autant de soin que les Incas mettaient dans leur travail"!).

Alternative désagréable au coca cola: l'Inca Kola. Boisson jaune fluo avec des bulles qui a le goût de chewing-gum chimique. Et pourtant tout le monde en boit. Tout le temps. Avec le poisson cru (ceviche/inca kola on peut difficilement faire plus péruvien) ça passe pas très bien. En plus ça appartient à Coca cola.

inca_cola

caf__froidAutre petit problème: le café. Je n'ai trouvé un véritable expresso qu'une fois en dix jours et beaucoup d'essais. Le café est servi de plusieurs façons: noyé et sans goût, le café au lait c'est une grande tasse de lait chaud avec une toute petite carafe de café à côté et souvent on nous amène une grande tasse d'eau chaude dans laquelle on verse nous-mêmes du café froid hyper concentré. Pas terrible.

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On ne peut pas boire l'eau du robinet mais il y a des vendeurs ambulants un peu partout qui ont des bouteilles de tout. On trouve aussi des presseurs d'oranges, de maracuyas ou encore de cannes à sucre (photo) qui servent un grand verre pour seulement 1 sole (25 cents). Seul petit hic: pour laver ce grand verre pour le client suivant, les presseurs le plongent dans un petit seau d'eau qu'ils trimballent sur leur stand portable (souvent rattaché à un vélo) toute la journée. Petit conseil: attendre un peu que son estomac se soit accoutumé aux bactéries péruviennes avant de boire dans ce grand verre, sinon c'est risqué.

Flo boit son grand verre de jus de canne à sucre:

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En plus des vendeurs ambulants de jus ils y a des vendeurs d'oeufs de cailles qu'ils cuisent eux-mêmes sur leurs petits stands (pas encore goûté), de brochettes de poulet, boeuf et anticuchos (brochettes de coeur de boeuf - pas encore goûté non plus) et de petits gâteaux en tous genres, obligatoirement avec du dulce de léché (confiture de lait) ou frits (dont les picarones, beignets à l'anis et plein d'autres choses servies avec une sauce type sirop d'érable. Trèèès bon.)

Bref, attendez vous à me voir revenir avec quelques bourrelets en plus.

2 août 2009

Lima monstre à deux têtes

Notre auberge est à Magdalena del Mar, quartier plutôt central de Lima au bord de la mer. Particularité de certains immeubles: ils ne sont pas finis, les tiges en fer dépassent abondamment du troisième ou quatrième étage. Si l'immeuble n'est pas fini, le proprio ne paye pas l'assurance ou les impôts, d'où l'intérêt de les garder en construction perpétuelle.

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Les quartiers de Madgelana del Mar, Jesus Maria ou Pueblo Libre sont remplis de petites maisons multicolores, certaines en construction, d'autres en mode colonial, de petits commerces, échoppes, marchés et vendeurs ambulants. Les centres commerciaux sont chaotiques. Les rues commerçantes sont bruyantes et bondées la journée, et avec le soleil (oh joie! on a eu droit à un grand ciel bleu aujourd'hui, rare privilège dans ces mois d'hiver) le tout donne un joyeux fouillis bigarré.

A l'image de notre auberge:IMG_0539

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Certains endroits sont plus glauques, avec des énormes avenues où le klaxon est roi et le passant risque gros en traversant, gros chantiers en construction, ou immeubles abandonnés.

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Gros contraste avec le quartier plus riche de Lima, Miraflores, où l'on se croirait de retour dans le monde occidental. Gratte-ciel en verre, centres commerciaux avec les mêmes magasins que chez nous (et presque les mêmes prix), touristes, restaurants italiens (si la bouffe péruvienne est bonissima la bouffe italienne au Pérou est tout le contraire) et magasins de luxe : à 15 minutes en taxi on est dans une autre ville habitée par une autre population.

C'est plutot déstabilisant de zigzaguer entre ces deux mondes. Même si l'on reconnaît plus le quartier de Miraflores, il paraît irréel après avoir passé la journée parmi les maisons basses et les petits marchands. C'est le quartier où habitent la plupart des expats, et où l'on n'attire pas les regards avec nos têtes d'occidentaux. Quartier où j'aimerais éviter d'habiter, si j'arrive à trouver autre part. 

2 août 2009

Lima ville labyrinthe

Pas facile de se repérer à Lima, surtout avec un sens de l'orientation comme le mien. La ville est divisée en barrios, eux-mêmes divisés en cuadros, dans lesquels il faut trouver la bonne rue avec un tout petit nombre de panneaux.

Surtout ne pas compter sur le chauffeur de taxi pour trouver la bonne adresse. Ce dernier compte lui-même sur les gens qu'il croise pour leur demander la direction en criant par la fenètre, qui n'hésitent pas à dire n'importe quoi plutôt que d'admettre qu'ils ne savent pas. En plus beaucoup de rues ont le même nom, ce qui fait au final un beau fouillis. Mais on a trouvé le truc: on a acheté un gros plan de Lima et on montre le trajet au chauffeur avant de monter.

Plusieurs modes de transport:  taxi, rickshaw (petit machin à trois roues), ou combi (bus à l'arrache). La ville est trop grande pour faire grand chose à pied.

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Le taxi est bien pratique, il y en a partout et ça coûte pas grand chose. Il suffit seulement de choisir le bon (le moins cabossé possible) et de négocier. Par contre on a parfois quelques petites surprises. Hier la roue de notre taxi a explosé pendant qu'on était dedans, du coup on a dû finir le trajet à pied. Bizarrement le chauffeur est resté tout zen alors qu'il était en rade au milieu de la route et sa roue de secours était aussi à plat.

On a pas encore testé le rickshaw mais aujourd'hui on a pris notre premier combi! Il faut écouter ce qu'hurle l'ouvreur de porte du bus pour savoir s'il va où tu veux aller, courir après le bus pour qu'il s'arrête et crier sur le chauffeur pour qu'il te dépose là où tu veux. Pas d'arrêt, pas d'horaires, mais plein de gros vans bondés qui parcourent toute la ville. Avec un peu d'habitude on doit pouvoir déchiffrer le mystérieux fonctionnement des combis.

1 août 2009

Llegada a Lima

Ca y est! Bien arrivée à l'autre bout du monde.

J'avais plusieurs petites peurs avant d'arriver ici, je suis maintenant plutot rassurée:

- Peur n°1: Les péruviens sont petits. Et les péruviennes petites et maigres. Résultat, j'ai l'air d'une géante et toutes les fringues sont minuscules.

Et finalement non. Les péruviens ne sont en effet pas très grands mais pas non plus des lilliputiens et les filles sont pour la grande majorité (très) bien enrobées. Donc même si je détonne un peu avec ma gueule toute blanche et ma serpillère sur la tête, je ne dépasse pas tout le monde de 20cm (de haut ou de large.) (Juste dans les toilettes publiques, le haut de ma tête dépasse légèrement au dessus du mur.)

- Peur n°2: Les très grosses araignées.

Y'en a pas! Pas de moustiques non plus. Faut bien qu'il y ait un avantage à respirer un bon air frais parfumé au pot d'échappement.

- Peur n°3: Les chauffeurs de taxi. Ils profitent de ma grande naïvité touristique pour me rouler.

Ils le font sûrement mais je ne m'en rends pas compte, du coup c'est pas grave. Le prix du taxi est tellement bas par rapport à la France que même s'ils me font payer le double du tarif péruvien je suis contente. En plus ceux que j'ai rencontrés étaient plutôt sympas, même s'ils parlaient beaucoup trop vite. En cas d'incompréhension, remuer la tête et sourire, ça marche bien.

- Peur n°4: Je vais me les peler.

Bah oui, fait froid. Sensation de froid du moins, avec l'humidité. Le matelas de l'auberge en est moite. En plus Lima est couverte par une épaisse couche de nuages qui ne partira, paraît-il, que dans quelques mois. Ajoutons à cela le nuage de pollution, et on ne voit pas grand chose. On a quand même aperçu une mini montagne (les Andes!!!!!) au loin aujourd'hui.

- Peur n°5: Ne pas réussir à me faire cracher dessus par un lama.

J'ai aperçu mes premiers lamas aujourd'hui. En bronze, certes, mais il faut bien commencer quelque part. Je garde donc espoir, le prochain lama en chair et en os que je croise je lui tire la barbichette.

Bref, Lima est loin de correspondre à tous les clichés que j'avais en tête. Elle a l'air de se laisser découvrir lentement. J'ai hâte.

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