Marcahuasi
Voila je m’y remet.
Bon, oublions tout ordre chronologique, voyages en vrac.
Marcahuasi (album à droite), donc, un weekend avant l’été (ou avant l’hiver, ça dépend de quel coté du monde on se place) à l’époque où il faisait encore froid et gris à Lima. Espèce d’amphithéâtre de roche au milieu d’un altiplano (haut plateau), considéré par certains comme un des centres magnétiques les plus importants de la planète, lieu de culte de cultures anciennes, entouré d’histoires fantastiques et invraisemblables, en tout cas un endroit chargé d’une énergie particulière.
(Eh oui, je me met a devenir mystique ! Dur de rester un monstre de rationalité face aux croyances d’ici, et entourée de brujas (sorcières) et d’apu (dieu montagne.) Maintenant je ne monte plus une montagne sans prévoir mes feuilles de coca et un peu d’alcool pour l’offrande à la pachamama.)
Une bonne heure de combi pour arriver, dans la banlieue de Lima, au pied des Andes. Suivent 5h de bus sur une route étroite en terre qui longe un précipice bien profond. (Un petit conseil : ne pas pratiquer cette route la nuit ni prendre la place à droite du chauffeur, qui se trouve systématiquement au dessus du vide. Et le vide quand il fait noir et on ne voit pas le fond c’est pas rassurant.) Arrivée au village de San Pedro, à 3000m d’altitude, départ du sentier qui monte à Marcahuasi. Après quelques mètres parcourus avec nos sacs à dos on se rend compte que l’ascension va être dure. (Un autre petit conseil : ne pas faire du camping avec des péruviennes qui amènent leurs crèmes et leur trousse de maquillage et oublient leur sac de couchage et leur tente.) (Et un dernier : ne pas laisser la préparation de la bouffe aux autres, on se retrouve avec une marmite de 10kg pleine de riz (qui bien sur ne rentre dans aucun sac) et une autre à peu près pareille pleine de patates, le tout prévu non pas pour nourrir une tribu pendant une semaine mais 4 personnes pour un soir.)
Pas de panique, les habitants de San Pedro ont l’habitude des gringos incompétents et mous, et ils proposent des ânes pour porter les sacs. Les moins vaillants font l’ascension à dos de cheval (aller soyons cléments on va mettre ça sur le dos du mal d’altitude) et les plus fous à dos de moto. Pour les autres, sauvés par les ânes. Sauf que hier, c’était la fête de l’eau au village, où l’on célèbre la vie de l’eau à l’eau de vie. Et même les ânes sont en train de cuver les trois jours de fiesta qui ont précédés. Avec beaucoup de peine, on réussi à trouver une petite vielle et son âne pour porter le plus lourd. Grand coup à notre orgueil, il se trouve que la petite vieille monte plus vite que nous.
Arrivée à l’amphithéâtre de pierres avec le coucher du soleil. Il est vrai qu’on y sent une énergie forte mais j’y sentais surtout le froid et le mal d’altitude. Après avoir enfilé 2 pantalons, 2 paires de chaussettes, 4 pulls, gants, bonnet, écharpe, et s’être enroulée dans mon sac de couchage, viens le moment de faire un feu. Après le sacrifice d’une demi bouteille de rhum et des premières pages d’un livre, le feu refuse toujours de prendre, même suite aux nombreux essais d’un scout et d’un vadrouilleur aguerri. Coup de génie de Lola, on effrite les bûches montées à dos d’ânes à la main pour faire des petites échardes qui prendront plus facilement. Des mains gelées et beaucoup d’échardes dans les doigts plus tard, le feu prend finalement. Sauf qu’il fait déjà beaucoup trop froid, donc ceux qui ne sont pas déjà dans leur tente en train de lutter contre le mal d’altitude grignotent quelques grains de riz et vont dormir, se préparant à une nuit en dessous de 0°.
Le matin on redécouvre les formations rocheuses étranges qui nous surplombent. Taillées par des civilisations anciennes disent certains, par des extraterrestres disent d’autres, ou tout simplement par les intempéries et l’érosion. Quand on sort de l’amphithéâtre, un champ de pierres sans fin. Bronzette sur les cailloux, et on redescend pour choper le bus retour de 12h. Evénement marquant de la descente : en prenant une photo je m’assoie sur un cactus avec des grooooosses épines. Heureusement que j’ai une bonne couche protectrice fessière.
Le bus de 12h se fait attendre, chaque demi heure il arrive finalement la demi heure suivante. De 12h à 18h on a donc bien le temps de découvrir le tout petit village de San Pedro de Casta, dans la poussière et le soleil. Femmes en costume traditionnel avec chapeaux hauts, maisons blanchies par le soleil sous un toit en tôle. Très bon lomo saltado dans le seul resto (et tant pis pour le riz et les patates.) Finalement une descente cauchemardesque sur Lima, sur la route de la mort la nuit. Content de pouvoir converser avec des françaises, le chauffeur passe beaucoup trop de temps à ne pas regarder la route. On arrivent en bas contents d’être en vie.